Le principe de l’élection est bien connu, puisque la plupart des pays dits démocratiques aujourd’hui vont fonctionner sur ce modèle, et on nous répète que ce serait la seule façon de faire de la démocratie à grande échelle.
L’idée c’est que le peuple ne pourrait pas prendre lui-même les décisions, pour tout un tas de raisons :
…et donc le peuple en serait réduit à choisir ses dirigeants, à choisir celles et ceux qui vont prendre les décisions à sa place.
On est donc dans une logique de délégation totale du pouvoir, puisque le peuple n’exerce pas lui-même le pouvoir, mais va le confier, le déléguer à d’autres personnes, et ce sont ces personnes qui prendront ensuite les décisions et voteront les lois à la place du peuple et en son nom.
Si jamais il n’est pas satisfait de ses dirigeants, il est censé pouvoir les sanctionner en fin de mandat en ne les réélisant pas, c’est ce qu’on appelle la « sanction électorale ».
Cette sanction électorale c’est le seul moyen de contrôle du peuple sur ses dirigeants élus, et la seule chose qui incite les élus à tenir leurs promesses et à mener une politique dans l’intérêt général quand ils sont au pouvoir, c’est la peur de ne pas être réélus.
L’hypothèse du système électoral c’est que l’élection permettrait au peuple de choisir ses meilleurs éléments, donc les personnes les plus compétentes, les plus honnêtes, etc., pour confier le pouvoir à ces personnes, et avec l’idée que si on laisse les meilleurs décider pour nous, eh ben forcément les décisions au final seront meilleures.
Autrement dit, comme on choisit nos chefs, on va forcément choisir de bonnes personnes, et comme on peut les sanctionner en fin de mandat, eh bien ces personnes-là vont être encouragées à faire une politique dans l’intérêt général.
Voilà, en gros, l’idée et la théorie derrière les élections. En pratique, ça marche pas véritablement comme ça, puisque non seulement les élus ne sont pas généralement meilleurs que l’ensemble de la population, mais en plus les politiques menées ne vont absolument pas dans le sens de l’intérêt général.
C’est même le contraire puisque une fois l’élection passée, à peu près tous les élus vont servir des intérêts privés plutôt que l’intérêt de l’ensemble de la population, et globalement ne respectent pas leurs promesses, ou en tout cas ne respectent pas leurs promesses les plus importantes.
Alors évidemment, le résultat c’est que un peu tout le monde en a marre, le peuple est à peu près systématiquement déçu par ses élus, et par la classe politique dans l’ensemble, mais généralement l’explication qu’on donne et l’interprétation de ça, c’est que ce serait un problème de personnes, ou un problème de partis, mais dans tous les cas c’est juste qu’on aurait pas choisi les bons dirigeants.
Et donc généralement, les seules « solutions » qu’on nous propose, ça va être :
On n’entend donc jamais de remise en cause du principe de l’élection en lui-même, ni de la délégation de pouvoir. L’idée c’est qu’à chaque fois il faudrait continuer d’élire des gens, et continuer de confier notre pouvoir à d’autres, mais il faudrait juste le faire un peu différemment.
Sauf que le problème vient bien de là, et on va voir que dans tout modèle électoral, dans tout système politique basé sur l’élection et sur la délégation de pouvoir, le peuple n’aura jamais aucun réel contrôle sur ce qui se passe, il aura juste une illusion d’avoir un peu de contrôle de temps en temps.