Bonjour à tous et à toutes. Bienvenue dans ce premier épisode d’une série consacrée à la démocratie directe et aux élections.
Le but de cette série ce sera, d’une part, de faire de la vulgarisation sur la démocratie, de voir ce que c’est, ou plutôt, ce que ça devrait être que la démocratie, parce qu’on va voir que les idées qu’on en a sont assez fausses en fait, et on va voir que ce qu’on croit aujourd’hui être démocratique ne l’est pas véritablement en pratique.
Du coup les premiers épisodes de cette série vont justement être consacrés aux institutions actuelles et aux élections, parce qu’on nous dit toujours que la démocratie, ce serait les élections, et que ça se limiterait à élire des gens une fois de temps en temps.
On va voir que c’est pas le cas, et que, dans les élections, il y a bien les apparences de la démocratie : on a l’impression d’avoir le choix entre telle ou telle personne pour nous diriger, mais en vrai ce choix est largement illusoire et réducteur pour plusieurs raisons, et n’a que très peu d’impact réel sur les politiques menées.
En pratique, dans un système électoral, la majorité du peuple n’a presque aucun véritable pouvoir, et est globalement réduite à subir des décisions prises par d’autres.
Concrètement : les décisions politiques qui sont prises, et les lois qui sont votées par le pouvoir élu, le sont presque toujours dans l’intérêt du patronat et de la classe dominante, et pratiquement jamais dans l’intérêt de l’ensemble de la population. À peu près tous les gouvernements, et toutes les majorités, quelle que soit leur étiquette politique, vont vouloir augmenter le temps de travail, repousser l’âge de la retraite, réduire les cotisations sociales pour les entreprises, et en gros toutes parleront que de « compétitivité », et feront différents cadeaux fiscaux, exonérations, etc. qui bénéficieront au patronat et aux plus riches, et toutes essaieront aussi de réduire les moyens des services publics (voire de les privatiser).
On verra que c’est pas un problème de personne ni de parti, mais un problème commun à tous les partis politiques (même si tous vont pas faire ça de la même manière ni dans les mêmes proportions), parce que c’est dû à la façon dont les institutions sont organisées.
En gros, les institutions sont organisées d’une façon qui fait que la majorité de la population a pratiquement aucun levier de contrôle réel sur ses élu·e·s, alors que celleux qui ont de l’argent (donc en pratique le patronat), ont des tas de moyens d’influer sur leurs décisions politiques. Du coup, on se retrouve presque toujours face à un pouvoir politique hostile aux travailleurs·euses, et on est obligé·e·s de batailler contre ce pouvoir à force de grèves et de luttes sociales, pour éviter qu’il aille trop dans le sens de ce que souhaite le patronat.
Donc ces premiers épisodes sur les élections essaieront de présenter un peu les principales raisons de ça, et les principaux mécanismes qui font que les élections ne sont pas véritablement démocratiques derrière les apparences.
Alors attention, ça veut pas dire que on serait en dictature hein, il y a évidemment pas de rapport avec des dictatures ouvertes, où l’arbitraire absolu règne, où il y a presque aucune liberté d’expression, qui tuent à grande échelle, qui enferment ou même exécutent des opposant·e·s politiques, comme la Russie de Poutine, voire qui massacrent carrément leur population, comme la Syrie de Bachar el Assad. Les États dans lesquels on vit sont quand même soumis à un certain nombre de règles et de contre-pouvoirs, il y a heureusement certaines libertés publiques et certains droits fondamentaux qui s’appliquent un peu (pas énormément mais un peu quand même) et qui nous protègent quand même un peu de l’arbitraire, et qui permettent aussi certaines formes de contestation et de luttes. Donc il faut pas tout mélanger et tomber dans le piège du relativisme : nos sociétés ne sont pas des dictatures.
Pour autant on ne peut pas parler de véritable démocratie au sens propre pour désigner nos systèmes électoraux actuels, ni se satisfaire de ces systèmes politiques comme ils sont, parce que la masse de la population y est concrètement privée du pouvoir politique réel, et c’est ce qu’on essayera d’analyser et de démontrer ici. C’est à dire, d’analyser en détail les principaux mécanismes qui font que les élections donnent pas véritablement de pouvoir politique, et sont un mauvais outil de démocratie en général : pas seulement à l’échelle des États, mais aussi dans nos organisations (partis, syndicats, et associations diverses).
Et ensuite, une fois qu’on aura analysé les élections et les problèmes qu’elles posent, dans la série de podcasts suivante, on essaiera de voir un petit peu les solutions possibles à ces problèmes, et de voir comment techniquement on pourrait organiser une véritable démocratie (c’est à dire une démocratie directe), à grande échelle, parce que c’est tout à fait possible, mais on verra que c’est pas forcément facile à faire en fait, qu’il y a un certain nombre d’obstacles techniques à surmonter, et surtout qu’il y a pas mal de pièges à éviter.
D’ailleurs j’insiste sur un truc : cette critique et cette analyse des institutions, elles ne sont pas juste théoriques et déconnectées de la réalité, genre une réflexion stérile pour se faire plaisir, se demander ce qu’il serait bien de faire éventuellement dans un monde idéal, pour dans un futur lointain quand on aura fait la révolution… Non, c’est pas ça. Je pense c’est une analyse importante qu’il est urgent de faire, parce qu’elle a des applications pratiques et concrètes dès aujourd’hui, dans nos mouvements et dans nos organisations, parce qu’on va voir que le manque de démocratie des États, on le retrouve en grande partie dans les organisations qui sont censées structurer notre camp politiquement et nos luttes, comme nos syndicats ou nos partis politiques. Et cette absence de véritable démocratie dans nos orgas (ou, on va dire, la « faiblesse démocratique » de nos orgas, pour être gentil), elle est très rarement analysée sous cet angle, et c’est à mon sens une des causes de notre faiblesse collective et des échecs de nos luttes. Donc je pense que c’est vraiment urgent de faire cette analyse pour cette raison, parce que ça peut nous permettre d’améliorer considérablement l’efficacité de nos organisations et de nos luttes.
Bref je vais pas approfondir trop ce sujet maintenant, mais j’y reviendrai plus tard dans le détail dans les épisodes prochains, pour l’instant, dans les premiers podcasts, on commencera par parler des élections en général.
Enfin, une dernière remarque importante, avant d’entrer dans le vif du sujet : vous pouvez trouver le texte intégral de tous les podcasts sur le site sur lequel je les publie, ddirecte.org, et le texte contient aussi les sources de la plupart des trucs que j’avance.
Au fur et à mesure de ces podcasts, je vais citer pas mal d’exemples et de chiffres pour illustrer ce que je dis. Ces exemples, et tous les chiffres que j’avancerai, ils sont à ma connaissance tous exacts (je les sors pas de mon chapeau, et j’essaye de ne pas dire de bêtises, même si je peux me tromper bien sûr). Sauf que je vais pas m’amuser à citer oralement les sources de tout ce que j’avance à chaque fois, parce que ça rallongerait et alourdirait beaucoup les podcasts pour pas grand chose. Par contre, je vous demande pas non plus de me croire sur parole, et de croire sur parole tout ce que j’avance, et du coup j’essayerai de sourcer quand même autant que possible ce que je dis, et donc les sources seront trouvables dans le texte des podcasts : généralement, il vous suffit de faire Ctrl-F dans votre navigateur internet pour trouver rapidement dans le texte la phrase correspondante à ce qui vous intéresse dans le podcast, et s’il y a des sources, elles seront en lien.
Voilà, c’est tout pour cette présentation, à très bientôt pour le premier épisode de la série.