Je vais conclure cet épisode sur un aspect important qui a besoin d’être dit explicitement : c’est que rien de tout ce que j’ai cité dans cet épisode n’est accidentel.
Alors, ça vous paraît peut-être évident de dire ça après tout ce que je viens de raconter, mais en fait ça ne l’est pas du tout pour tout le monde, et très souvent on nous explique de plein de façons que les élu·e·s sauraient pas trop ce qu’iels font en fait, qu’iels agiraient comme iels le font parce qu’iels seraient « déconnecté·e·s » des réalités, ou encore tout simplement incompétent·e·s, et que c’est généralement pour ça qu’iels prendraient des mauvaises décisions.
Et ça c’est carrément théorisé par des tas de gens. On a par exemple une célèbre citation de cette ordure de Michel Rocard qui disait, pour expliquer les mauvaises décisions des gouvernant·e·s en général, qu’il faudrait « Toujours préférer l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare. » Le genre de citation qui est souvent reprise par beaucoup de monde même aujourd’hui pour « expliquer » les choix dégueulasses faits par nos dirigeant·e·s.
Au delà du fait que c’est très méprisant, vu que ça impliquerait que les élu·e·s seraient à peu près tou·te·s plus bêtes que la personne qui parle, ce genre de discours vise surtout à décrédibiliser toute interprétation comme quoi les élu·e·s agiraient avant tout par intérêt, comme si cette explication était complotiste. Considérer que les élu·e·s seraient très majoritairement corrompu·e·s et au service du patronat, hé bien ce serait un peu comme croire aux Illuminatis ou à la Terre plate : une explication complètement farfelue et improbable, alors qu’il y aurait une explication beaucoup plus simple qui nous tendrait les bras : leur simple bêtise et leur incompétence. Les politicien·ne·s seraient de bonne foi, iels se « tromperaient » juste tout le temps, et ça expliquerait leurs mauvaises décisions.
Alors évidemment qu’il faut pas voir des complots partout (je reviendrai peut-être dessus si un jour je fais un épisode sur le complotisme), mais pour faire court, ici il s’agit pas de dire que tous les actes des élu·e·s feraient partie d’une sorte de grand plan machiavélique coordonné « d’en haut », mais plutôt de faire une analyse systémique :
Et d’autant plus que leur mauvaise foi est souvent visible, il suffit de voir tou·te·s celleux qui font une fois au pouvoir ce qu’iels avaient fait semblant de dénoncer quand iels étaient dans l’opposition !
Exemple concret : Hollande, avant 2012, il dénonçait l’austérité budgétaire et le démantèlement du code du travail, en expliquant (à raison) que c’était pas en attaquant le droit du travail qu’on réduirait le chômage, quand c’était Sarkozy qui faisait tout ça.
Et pourtant, qu’est ce qu’il a fait une fois élu ? Exactement la même chose !
Pourquoi ? Pas parce qu’il s’est mis à croire d’un coup, une fois l’élection passée, que ça pouvait créer des emplois, hein ! C’est juste qu’avant l’élection, il disait juste ce que l’électorat avait envie d’entendre pour arriver au pouvoir, mais il en a jamais pensé un mot ! Donc on voit bien que tou·te·s ces gens-là ne se « trompent » pas en essayant bien faire : iels sont de mauvaise foi.
Par contre, il y a un truc qui est important à comprendre, c’est que les élu·e·s font quand même des gros efforts pour nous faire croire qu’iels seraient maladroit·e·s et incompétent·e·s.
Alors ça a l’air paradoxal à première vue, dit comme ça, mais c’est pas le cas du tout vous allez voir.
Pourquoi je dis ça ? Hé ben parce que les élu·e·s savent pertinemment qu’iels votent des lois injustes, des lois qui servent les intérêts d’une toute petite minorité de privilégié·e·s contre l’intérêt de la masse de la population. Et non seulement iels savent ça, mais iels savent aussi que, malgré toute l’opacité qu’iels peuvent essayer de mettre en place pour que les effets injustes de leurs mesures et de leurs lois soient les moins visibles possibles, hé ben ces effets injustes finiront toujours, tôt ou tard, par apparaître au grand jour et par être analysés, c’est inévitable.
Et donc, tout simplement, iels se protègent !
Iels se protègent avec une stratégie super simple qu’on peut résumer en une phrase : au pire, il vaut mieux passer pour maladroit·e que pour malhonnête.
Quand vous savez que vous faites de la merde, et que ce sera forcément découvert un jour, et que ça risque donc de vous être reproché, si jamais, à ce moment-là, les gens comprennent que vous l’avez fait exprès, vous risquez d’avoir des gros ennuis. Et donc il faut absolument que vous puissiez faire passer vos choix passés pour des erreurs et des maladresses : « Oh désolé, quand j’ai voté ces subventions, je me rendais pas du tout compte que ce serait surtout les grosses entreprises qui bénéficieraient de la majorité de l’argent. Je vous assure que si c’était à refaire aujourd’hui, je ferais complètement différemment ! »
Je n’invente rien : c’est exactement ce qu’on a vu pour le CICE par exemple, dont je parlais tout à l’heure : les élu·e·s qui ont voté le CICE, iels présentent ça aujourd’hui comme une erreur, non pas dans l’objectif affiché (« soutenir l’emploi »), mais dans la façon dont ça a été fait, et iels font semblant de regretter de l’avoir fait comme ça. Fin 2018, un an et demi à peine après la fin du quinquennat Hollande, Olivier Faure, le nouveau Premier secrétaire du Parti « Socialiste », avait donné une interview sur Europe 1 où il avait appelé à ce que le CICE devienne « plus contraignant » et où il faisait semblant de reconnaître que ça avait été une erreur de le faire sans conditions et sans exiger de contreparties.
Un peu comme si lui et ses petit·e·s copains·ines avaient été naïfs·ves pendant les cinq années où iels étaient au pouvoir et qu’iels s’étaient pas rendu·e·s compte à ce moment-là de quelque chose que pourtant tout le monde reprochait déjà au CICE à l’époque !
Alors bon, lui et quelques autres député·e·s avaient de temps en temps fait semblant de critiquer (mollement) certaines des mesures de leur majorité pendant qu’iels étaient au pouvoir, mais en vrai désolé, les critiques de façade, tant que la mesure passe quand même, ça n’engage à rien.
Mais c’est intéressant d’étudier la façon dont ce CICE a été fait justement, parce qu’en apparence, les choses ont été faites dans les règles : les député·e·s qui l’ont voté n’ont évidemment pas inscrit dans la loi une liste de grosses entreprises à qui iels voulaient donner plein de fric, hein ! Non, ce qu’iels ont fait, c’est qu’iels ont dit : « on va faire une subvention qui sera répartie selon tel et tel critère, par exemple selon le nombre de salarié·e·s des entreprises ». Ça a eu en gros le même résultat (de donner plein d’argent public à un paquet de grosses entreprises), mais on ne peut pas facilement les accuser de corruption et de favoritisme, précisément parce qu’iels n’ont pas écrit explicitement cette liste d’entreprises à qui iels voulaient donner de l’argent, mais seulement fixé des critères de répartition de cet argent.
Et même aujourd’hui d’ailleurs, c’est presque toujours présenté comme ça. Il y a pas mal d’articles qu’on voit dans la presse et qui font mine de faire un bilan du CICE, mais qui n’évoquent jamais de près ou de loin l’hypothèse de la corruption ou d’une mauvaise intention des élu·e·s, mais sous-entendent toujours que ce serait surtout des erreurs et de la maladresse. Par exemple, un article des « Décodeurs » du « journal » le Monde, qui prétend analyser où est parti le fric du CICE, et qui admet, certes, que la plus grosse partie de l’argent a été captée par les grosses entreprises, mais qui oublie pas de préciser que, attention, les règles ont bien été respectées :
[…] les plus grosses entreprises (plus de deux cent cinquante salariés) ont capté près de la moitié du CICE. Mais ce constat n’est pas très étonnant, car ce sont ces entreprises qui emploient le plus de salariés. Or, le principe du CICE est clair : plus une entreprise emploie de personnes à bas salaires (moins de 2,5 smics), plus elle peut réclamer d’aides. On s’aperçoit que les aides reçues par les différentes catégories d’entreprises sont proportionnelles à la force de travail qu’elles emploient : les grandes entreprises, qui emploient 29 % des salariés, ont reçu 28 % du CICE.
(J’espère que je fais bien la voix off d’article du Monde.)
Autrement dit, le sous-entendu de cet article (comme de pas mal d’autres du même genre dans d’autres médias) c’est : certes on ne peut pas nier que, au final, le CICE a avantagé des grosses boites qui n’en avaient peut-être pas vraiment besoin, mais attention !, ce n’est pas du favoritisme, les règles de répartition qui avaient été fixées au départ ont été scrupuleusement respectées !
Et donc, en apparence, les règles sont respectées, en apparence, l’État est impartial et les élu·e·s ne font pas de favoritisme.
Mais sauf que, ces règles, elles sortent d’où ? Elles sont pas apparues comme ça magiquement du néant ! Elles ont été étudiées pour obtenir ce résultat-là !
Est-ce qu’on s’imagine vraiment que, quand des ministres et des député·e·s planchent pendant des mois sur des subventions énormes qui vont représenter au total, sur toutes les années où ces subventions existeront, plusieurs centaines de milliards d’euros d’argent public distribué, est-ce qu’on s’imagine donc que tou·te·s ces gens-là voteraient ça au hasard, au pifomètre, sans faire d’abord quelques petites estimations pour savoir en gros où tout cet argent allait partir ? Mais évidemment qu’iels ont fait ce genre d’estimations avant de voter, parce que c’est ce que vous et moi on ferait si on devait se poser la question de mettre en place des grosses subventions ! Donc évidemment que quand iels ont voté ces règles, iels savaient parfaitement ce que ça donnerait, et quel type d’entreprises en bénéficieraient le plus !
Oh je dis pas qu’iels avaient estimé plusieurs années à l’avance ce que chaque entreprise toucherait au centime près, hein. Par contre c’est absolument certain qu’iels savaient dès le départ en gros où partirait cet argent et en gros dans la poche de qui il atterrirait, et qu’iels ne pouvaient pas ignorer que ça alimenterait beaucoup plus les dividendes que l’emploi.
D’ailleurs c’est rigolo, parce que dans la loi du CICE, il y avait théoriquement marqué dès le départ que les entreprises n’avaient pas le droit d’utiliser l’argent donné pour alimenter les dividendes ou pour augmenter les salaires de leurs dirigeant·e·s… sauf qu’en pratique, aucune sanction n’était prévue dans la loi pour celles qui le font quand même. C’est ballot. Mieux que ça : ça a même été écrit tout à fait explicitement, en toutes lettres, que le CICE ne devait pas être retiré à une entreprise pour ça ! Par exemple, dans une note de la direction générale des Finances publiques, la DGFiP. Autrement dit, en théorie on dit qu’elles devraient pas le faire, mais en pratique on fait tout pour qu’elles puissent le faire quand même sans risquer quoi que ce soit.
Et puis la meilleure preuve d’ailleurs que tout ça était intentionnel et pas accidentel, c’est que, non seulement tou·te·s ces gens qui ont mis en place le CICE ont tout fait pour qu’il y ait le moins de transparence possible et qu’on puisse pas savoir où cet argent partait, donc dès le départ iels voulaient éviter autant que possible que les effets réels de leur dispositif soient trop visibles et étudiés. Mais en plus, quand les premiers effets du CICE sont apparus, dès les premières années où le dispositif a existé en fait, et que ça devenait visible (malgré tous leurs efforts d’opacité) que c’était des grosses boites qui récupéraient le fric et qu’elles créaient pas vraiment d’emplois avec, tou·te·s les gens qui ont voté ce CICE n’ont absolument rien fait pour changer les règles d’attribution de l’argent à ce moment-là ! S’iels avaient été sincères et un tout petit peu de bonne foi, iels auraient eu plusieurs années au pouvoir pour tenter de corriger leur dispositif, mais au lieu de ça, iels se sont empressé·e·s de surtout rien faire et de regarder ailleurs en sifflotant, et de parler d’autre chose pour détourner l’attention avec des tas de débats sur le terrorisme, les Roms, l’immigration et je sais plus quoi !
Donc évidemment que tout ça était intentionnel, mais sauf qu’on ne peut pas vraiment le prouver, et ça a été fait de façon à préserver les apparences de la maladresse, et comme ça l’État peut continuer de prétendre qu’il serait impartial.
Alors je reprécise encore au cas où que je ne soutiens pas le principe de donner de l’argent public à des entreprises en général, je pense qu’il y a de bien meilleures façon d’utiliser l’argent public, et qu’il faut socialiser tout ça. J’ai juste pris cet exemple du CICE parce qu’il illustre bien l’hypocrisie et la mauvaise foi de celleux qui votent ces lois, et la façon dont les élu·e·s font les choses pour à la fois servir le patronat autant qu’il peuvent, tout en préservant autant que possible les apparences de l’impartialité, pour se protéger. Ce qui arrange évidemment la bourgeoisie au passage, et tou·te·s les gens qui ont pas du tout intérêt à ce que l’État soit remis en cause en général !
Et on pourrait citer plein d’autres exemples comme ça, et on verrait que ça marche à peu près pareil à chaque fois : certes, les lois votées par les élu·e·s finissent toujours par avantager le patronat d’une façon ou d’une autre au final, mais ce n’est jamais marqué explicitement qu’on fait ça dans ce but.
Genre les impôts (que je citais tout à l’heure) : là aussi, il y a une énorme complexité artificielle, et un vrai effort qui est fait pour cacher les véritables taux de prélèvements et faire croire que les riches payeraient beaucoup plus d’impôts que ce qu’iels payent réellement. Là aussi, toutes les études qui ont démontré l’injustice de l’impôt n’ont jamais entraîné la moindre « prise de conscience » des élu·e·s ni la moindre tentative de simplifier le tout et de remettre un peu de justice dans tout ça (parce que l’injustice est l’objectif). Mais si on interrogeait des élu·e·s sur le sujet, iels feraient probablement semblant de tomber des nues, se cacheraient derrière la complexité du truc justement, prétendraient qu’elleux-mêmes y comprennent rien, que c’est vraiment trop difficile de réformer l’impôt, et botteraient en touche en parlant d’autre chose…
Dans le même genre, un classique qu’on entend souvent aussi c’est que les élu·e·s seraient « largué·e·s » et qu’iels comprendraient vraiment rien aux « Nouvelles technologies », et que ce serait pour ça qu’iels votent des lois liberticides et dangereuses, limite sans se rendre compte des conséquences de ce qu’iels font. Mais ça aussi, c’est une mauvaise analyse : les élu·e·s (ou les juges, ou qui vous voulez) sont loin d’être si bêtes que ça ! Et même si parfois iels sont amené·e·s à légiférer dans des domaines (un peu) complexes et qu’iels connaissent mal, la plupart du temps les enjeux ne sont pas vraiment compliqués, et restent quand même explicables en 5 minutes à n’importe qui de bonne foi, même qui n’y connaîtrait rien.
Les attaques répétées contre l’« anonymat » sur internet par exemple, sous prétexte de lutter contre la haine en ligne (en vrai, contre le pseudonymat, mais bref), c’est en fait des attaques tout à fait conscientes et pas accidentelles du tout contre la liberté d’expression de notre camp social et contre notre capacité à nous organiser et à faire grève ! Hé oui.
Parce que, le problème, c’est que presque tout ce qu’on écrit sur « internet » est public et automatiquement archivé pendant des années, et restera accessible par n’importe quel moteur de recherche jusqu’à (à peu près) la fin des temps ! Du coup, si on était obligé·e·s d’écrire tout le temps sous notre vrai nom, l’un des principaux effets que ça aurait en pratique, c’est que n’importe quel·le recruteur·euse (par exemple), pourrait en trois clics retrouver presque tout ce que vous avez dit publiquement dans votre vie ! Et du coup à cause de ça, beaucoup de gens de gauche et de grévistes seraient forcé·e·s de s’autocensurer dans leurs propos en permanence, de peur de pas trouver de boulot plus tard !
Vous voyez ? En moins d’une minute j’ai déjà résumé un des principaux enjeux autour du pseudonymat, de façon à peu près claire et compréhensible par presque tout le monde. Donc les élu·e·s, qui passent des heures et des heures à s’informer et à se documenter sur ces sujets, iels ne peuvent pas ne pas être conscient·e·s de tout ça, comme iels ne peuvent pas ignorer que leurs propositions sont inefficaces, voire contre-productives, dans la poursuite de l’objectif affiché de « lutter contre la haine en ligne ». Mais bien sûr, tou·te·s ces gens qui attaquent le pseudonymat vont jamais avouer leurs vraies motivations, donc finalement, peut-être que ça les arrange un peu qu’on croit qu’iels seraient largué·e·s.
Bref, tou·te·s ces gens-là savent globalement ce qu’iels font, iels préfèrent juste passer pour maladroit·e·s que pour malhonnêtes quand on leur demandera des comptes.
Attention, ça ne voudrait pas dire que les élu·e·s auraient toujours un contrôle parfait sur tout ce qui se passe, loin de là, ou qu’iels obéiraient à un grand plan machiavélique de long terme, comme je disais. Le plus souvent, iels prennent des décisions à court terme et ne voient pas forcément beaucoup plus loin que le bout de leur nez, et iels peuvent aussi se planter et être incompétent·e·s.
Ça s’est vu par exemple avec la gestion de la crise du Covid par le gouvernement : il y a eu du cynisme d’un côté (continuer de faire bosser les gens pour préserver les profits du patronat, même dans les secteurs non-essentiels, maintenir les élections municipales, continuer à supprimer des lits d’hôpitaux en pleine crise…), et à ce cynisme s’est ajouté en plus une bonne dose d’incompétence dans la gestion des stocks de masques et de vaccins (entre autres). Donc voyez, on peut tout à fait avoir les deux pour le même prix : à la fois la dégueulasserie et l’incompétence. Mais c’est pas une exclusivité de la Macronie, et les gouvernements d’à peu près tous les pays ont fait pareil, avec juste des variantes ici et là.
D’ailleurs au passage, j’en profite aussi pour dire que j’en ai un peu ras le bol d’entendre et de lire partout que tout serait la faute de Macron, et que ce serait Macron qui aurait « détruit (ou ruiné) le pays en trois ans » (comme si tout allait bien avant lui), « Macron le président des riches », etc. parce que des « présidents des riches » en fait on a eu que ça au pouvoir depuis que les élections existent. Vraiment, presque tout ce que j’ai dénoncé dans cet épisode, c’est le résultat du travail de plein de majorités successives qui se sont relayées, et avant l’équipe de Macron, leurs prédécesseurs menaient à peu près la même politique qu’eux, et puis les prédécesseurs de leurs prédécesseurs aussi avaient mené la même politique, et avant ça les prédécesseurs des prédécesseurs de leurs prédécesseurs aussi, etc. mandat après mandat, et si c’était pas les macronistes aujourd’hui au pouvoir ce serait d’autres ordures qui mèneraient à peu près la même politique qu’elleux à leur place, il y a pas de raison d’en douter.
Donc c’est vraiment pas un problème de personnes !
Un truc qui fait qu’on se focalise toujours sur la majorité actuelle, c’est qu’iels vont presque toujours plus loin dans la dégueulasserie que la majorité précédente… mais c’est pas parce qu’iels seraient « plus méchant·e·s » que celleux d’avant, mais juste parce que chaque majorité tire le « curseur » le plus à droite possible et le plus possible dans le sens que souhaite le patronat, autant que le rapport de force avec les grévistes le leur permet. Et comme ce rapport de force est en leur faveur depuis des années, hé ben chaque majorité peut se permettre d’aller plus loin dans la dégueulasserie que la précédente.
Mais même si les personnes au pouvoir sont évidemment détestables et méritent d’être détestées et dénoncées, c’est une erreur d’analyse de se focaliser uniquement sur elles, et le véritable problème est un problème plus profond, un problème d’institutions : les élections mettent toujours au pouvoir des gens qui auront toujours intérêt à servir le patronat et la bourgeoisie, et la seule façon d’empêcher ça est d’arrêter de confier le pouvoir à un petit nombre de personnes.
Voilà ce sera tout pour cet épisode.
Dans l’épisode prochain on va encore plus s’énerver puisqu’on parlera de l’institution judiciaire, la prétendue « justice ». Et on verra qu’elle aussi est très loin d’être neutre et impartiale (même si tout est fait pour le laisser croire), et que c’est en fait une justice de classe, raciste et sexiste, une prétendue « justice » impitoyable avec les faibles, et laxiste et complice avec les puissant·e·s, et que son rôle est (aussi) de donner une apparence d’impartialité à des décisions qui sont souvent (ici encore) totalement injustes et arbitraires.
À bientôt.